Le paradoxe est là : d’un côté, une prise de conscience générale et les encouragements à développer une filière industrielle performante, viable, pour recycler les plastiques de toutes sortes, dont les DEEE et entrer dans une économie de plus en plus circulaire et vertueuse. De l’autre, un laisser-passer donné à des matières vierges venues du bout du monde, à très bas coûts, produites dans des conditions opaques, en parfait contraire des orientations exposées par nos institutions.
Alors, quand on est industriel privé, qui investit des sommes considérables pour rendre possible le recyclage effectif de DEEE, comment s’adapter à cette donne dont nous ne maîtrisons pas le cadre réglementaire ? En faisant entendre notre voix, directement auprès des représentants élus et via nos instances professionnelles.
C’est ainsi que la Commission Européenne, sur proposition de la Branche Européenne du Recyclage de Plastiques (EPRB), a fixé un objectif concret aux constructeurs automobiles : incorporer 25% de plastique recyclé dans la fabrication de leurs véhicules d’ici 2030. Un tel signal ne peut qu’encourager les industriels du recyclage à poursuivre leurs investissements sur leurs sites actuels, sur leurs technologies et à travailler sur de nouvelles implantations tant le marché est immense. En effet, avec 10% du total des plastiques utilisés, le marché automobile arrive en troisième position des secteurs les plus consommateurs, après l’emballage et les travaux publics.
Face à une concurrence déloyale, une contrainte réglementaire de cet ordre ne sera néanmoins pas suffisante pour développer une industrie pérenne ainsi que le souligne le SRP (Syndicat national des Régénérateurs de matières Plastiques). Il s’agit donc pour les pouvoirs publics d’agir à leur tour, en fixant des taux d’incorporation de matières recyclées dans tous les secteurs utilisateurs de matières plastiques, tout en durcissant significativement les modalités d’importation des polymères vierges à bas prix non issus de l’Union Européenne. Faute de quoi les investissements privés réalisés et les nombreuses aides publiques mises en place n’auront pas atteint tous les objectifs affichés, en totale contradiction avec les discours tenus.
Loin de nous l’idée d’opposer d’un côté les faiseurs, de l’autre les diseurs. Les faiseurs, comme nous, avons simplement besoin de facilitateurs, dans la poursuite de l’intérêt général. Parce que le développement durable nous concerne tous !